NATHALIE LEVASSEUR
 
Laisser Respirer
Résidence de création,
La Tortue bleue, La Pocatière
2012

Fenêtres dans la mer.
Incorporés à la reconstitution symbolique d’une fascine tressée à l’ancienne, en pleine mer, une porte fenestrée et une fenêtre, contemporaines mais de bois, nous font agréablement trébucher de notre confort touristique lorsque nous passons, le temps d’une bouchée, à la halte marine de La Pocatière. S’avançant de plus d’une centaine de pieds dans la mer, l’installation Laisser respirer de Nathalie Levasseur, joue esthétiquement avec les marées et doit être vue, immergée à la demi de sa hauteur, sur fond de bleu et d’écume à marée haute, aussi bien qu’à marée basse, se découpant, structure reconnaissable et irréelle, sur la batture verdoyante. À chaque angle du jour, une nouvelle version du paysage entre par les fenêtres. À chaque angle du jour, la fenêtre, qu’ouvre sur l’Histoire et les outils de survie de l’humanité la fascine tronquée, se moule aux heures et au gré des lumières. On peut aussi rêver de la voir en plongée, le temps d’une apnée.
Gilles Matte, Traces Magazine, vol 6, no 10, août 2012,p.12

Laisser Respirer
L’histoire du territoire, de ses habitants et de leur mode de vie, a toujours imprégné mon travail de création. Mon intérêt pour les anciens savoir-faire m’a rapidement amenée à collecter images et archives concernant les divers procédés de pêche reliés à la survie sur notre territoire : pêche à la fascine, pêche à l’anguille et autres savoirs en relation avec les cages servant à la pêche. Ces anciens systèmes de capture que sont les fascines tressées m’interpellent forcément depuis longtemps par l’esthétisme particulier de leur architecture intégrée aussi bien à leur fonctionnalité qu’au respect d’un environnement souvent fragile. J’ai donc réalisé ce projet en concordance avec ma pratique qui tient toujours compte de l’impact environnemental minimal de l’œuvre et de son intégration esthétique au lieu pendant le temps où elle l’habite.
Sans être didactique, l’œuvre éphémère Laisser respirer a fait allusion à cette possibilité que nous avons de faire les choses dans le respect des rythmes naturels. À ce titre, les marées elles-mêmes faisaient partie de l’œuvre, la rythmant comme elles rythment la vie des pêcheurs. L’insertion d’éléments hétérogènes, que sont fenêtres et portes, avait pour but de confronter ludiquement le regardant à la dualité capture/passage qui régit toute pêche raisonnée soucieuse de conserver sa ressource; de même qu’aux impacts esthétiques et écologiques, forts différents, que pourraient laisser, dans un contexte de structures abandonnées, les matières utilisées. La présence de ces éléments, plus proches du quotidien des non-riverains, a aussi pu être perçue comme fenêtres pour un regard capable d’entrevoir à travers la maîtrise d’une structure archaïque, des possibilités pour un avenir réinventé en harmonie avec la structure vivante du paysage.

Crédits photographiques : Pilar Macias et Nathalie Levasseur.
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