NATHALIE LEVASSEUR
 
Tresser des liens durables, phase I
Performance nomade, interactive et cumulative, avec participations individuelles du public.
2008-2009-2010

J’imagine un sentier enroulé sur lui-même et qui voyage. Avec ses écritures inégales de terre battue et de plantes foulées par ceux qui l’ont patiemment tracé. En causant. Se taisant. En jouant, riant. En refaisant le monde, en créant des liens. Des mains se nouent, des regards qui se disent. Les moments d’éternité sont toujours instantanés. Qu’est-ce qui est durable ? Qu’est-ce que « tresser des liens » ? Qu’est-ce qu’un lien durable ?
J’imagine un long sentier tressé… et sa mémoire portable.
Tresser des liens durables s’est déroulé en une série de performances interactives et cumulatives où je rencontrais des gens de tous les âges, de toutes les nationalités, métiers, professions et de toutes conditions sociales. Les rencontres avaient lieu dans des endroits ciblés et à des moments significatifs : au CNE de Jonquière au cours d’un pique-nique culturel au mont Jacob ; devant le local de la CENTRALE à Montréal à l’occasion d’une braderie sur la rue St-Laurent ; au GRAVE à Victoriaville lors d’une célébration environnementale ; à la fête de la citrouille à Ripon ; au café de la Grave aux Iles de-la-Madeleine et, en territoire laurentien : au Centre d’Exposition de Val-David ; au LezArt Loco de Val-David pour les journées de la terre ; à la Ferme de la Butte Magique lors de la grande tonte aux journées de la culture ; à Kitigan Zibi Anishinabeg (territoire algonquin, Maniwaki), lors du spirit-gathering chez Grand-Père Comanda .

J’invitais les gens à s’asseoir face à moi et, ensemble, pour une dizaine de minutes, nous tressions avec des matières d’origine organique, chacun à une extrémité, quelques longueurs d’une Tresse symbolique. À l’occasion, ils y inséraient d’autres matériaux de leur choix, biodégradables et paradoxalement significatifs de durabilité. Tout au long de la rencontre, nous échangions sur la notion étendue de liens durables, et sur l’émergence consciente d’un pouvoir de décision et d’action par le simple fait d’avoir choisi de participer à cette longue tresse humaine. Dans le plus grand respect des limites ou du désir d’anonymat de chacun, ces participations ont fait l’objet de captations sonores et visuelles. Les actions et discours, ainsi recueillis d’un lieu à l’autre, se sont accumulés dans différents documents projetés sur place, en une boucle qui s’allongeant à mesure que s’ajoutaient les nouvelles performances. Cette présentation audiovisuelle sur écran portable créait un lien puissant en montrant aux participants qu’ils agissent en tant que maillons d’une chaîne humaine sur une œuvre qui a déjà généré des rencontres sans barrières sociales, ethniques ou autres.

La tresse a pris son sens en voyageant et la vidéo a gagné en profondeur au fil des captations, questionnant de nouvelles interprétations des mots liens, durables, et de leur réunion. La phase II de ce projet impliquera une installation concrète, en partie transformable de la longue tresse qui atteint, à l’heure où ces lignes sont écrites, près de 1 500 pieds.

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Crédits photographiques : Joanne Cormier, Roxanne Arsenault, Julie Simoneau , Gilles Matte,Chloë Charce , Michel Depatie, et Nathalie Levasseur

Vidéo publication