La voûte céleste
La voûte céleste
Par l’utilisation ludique d’une lunette d’approche différente de celle des scientifiques, j’ai voulu étendre le champ d’émerveillement de l’individu au-delà de son inclusion purement physique dans l’immensité de l’univers. J’ai créé pour ce faire une installation en plein air composée d’un grand filet circulaire de six mètres (20 pieds) de diamètre, retenu entre trois gros arbres à quelque six mètres du sol. Sur ce filet avaient été préalablement brodées les douze constellations du zodiaque. Suspendus à cette toile de fond, mille fils à pêche de longueurs variées, maintenus à la verticale par de petites pesées de plomb, formaient une voûte sous laquelle on pouvait circuler. Ces « cordes » étaient destinées à accueillir facilement des étoiles de rotin fabriquées par les passants.
À partir de cylindres de carton récupérés, des lunettes d’approche symboliques, baptisées constelscopes, ont été confectionnées lors d’ateliers préparatoires avec les élèves de deux écoles primaires du quartier. Ces mêmes élèves ont réalisé quelque deux cents étoiles de rotin, les premières à être accrochées dans cette impressionnante œuvre participative.
Des cartes zodiacales, disposées sur les tables de béton du parc, renseignaient les participants sur la constellation associée à leur naissance. À partir de cette donnée, m’adaptant à chacun, je leur proposais de prendre part à l’œuvre en confectionnant une étoile de leur constellation. Les manipulations étaient suffisamment simples pour permettre l’intervention des passants de tout âge. Chaque étoile, à la fois identitaire et anonyme était remise, à moi ou à un technicien, pour être accrochée dans la voûte.
Un des buts de cette activité relationnelle était de prendre conscience qu’avant d’être déviée vers l’utilité pronostique de l’horoscope, la voûte céleste fut le premier tableau noir du genre humain qui y a inscrit, en reliant les points comme le font les enfants dans leurs livres de jeux, son premier traité de psychologie appliquée. Les participants étaient donc invités à s’allonger sur le dos, sous le dôme, en contact tactile avec le sol et visuel avec les étoiles, pour y retrouver sa constellation, son miroir personnel, à l’aide des constelscopes. En rattachant son histoire individuelle dans un continu historique datant des débuts de l’humanité, chacun pouvait paradoxalement être ramené à son inscription ici et maintenant, dans un univers aux dimensions du savoir astronomique contemporain et confronté à sa situation urbaine voilant quasi continuellement la voûte céleste et le « déconnectant » de l’immensité.
Tout au long des quatre jours de l’événement, quelque 700 passants de tous les âges ont fabriqué une étoile, portant à 900 le nombre d’étoiles formant la voûte dans l’heure précédant le démontage…